Sit-in à l’hôpital Yalgado Ouédrago : « La sous-section SYNTSHA n’avait vraiment pas besoin de mettre en danger la vie des patients »
Réunis dans la matinée du mercredi 9 mars 2016, les « camarades » de la sous-section Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), observent un sit-in les 9 et 10 mars 2016. Le personnel médical dit réclamer le renforcement de l’hôpital en moyens humains et matériels. L’objectif étant de faire de l’hôpital Yalgado, disent-ils, « un CHU public moderne au service du peuple burkinabè ». La direction générale quant à elle, se dit un peu perdue quant aux véritables causes de ces mouvements.*
Environ six heures d’arrêt de travail, soit un sit-in de 3 heures chacun de 7h à 10h heures le mercredi et le jeudi, puis, une marche de protestation ce vendredi 11 mars 2016 sur le ministère de la Santé : il s’agit là, d’une manifestation du SYNTSHA du CHU-YO pour exiger l’amélioration de leurs conditions de travail.
Et ce mercredi 9 mars 2016, réunis juste à l’entrée principale de l’hôpital, c’est un groupe d’agents de santé qui écoutent attentivement Hamadi Konfé, SG de la sous-section SYNTSHA. Au cœur de son discours, un certain nombre de revendications soumises à la direction générale de l’hôpital Yalgado. Ainsi, au titre des revendications, le personnel médical du CHU-YO réclame :
Le renforcement du personnel, en particulier les médecins spécialistes et techniciens biomédicaux
la formation continue au bénéfice de tout le personnel,
L’intégration des hors chaines dans la chaine du CHU –YO,
Le paiement des différentiels de salaire et autres indemnités au plus tard le 26 de chaque mois,
la formation d’attachés de santé en technique d’hémodialyse en vue de renforcer la qualité de prise en charge des patients dialysés,
L’adoption et l’application d’un plan de carrière pour les agents contractuels,
Octroyer aux contractuels sous CDD (contrat à durée déterminée, ndlr) les mêmes avantages qu’ont les agents publics
Appliquer le système d’exonération pour le personnel, leurs époux, les ascendants et descendants. Cela concerne les actes, les examens et les hospitalisations conformément au consensus entre la direction du CHU-YO et la sous-section SYNTSHA.
En d’autres termes, Hamadi Konfé et ses camarades disent être confrontés à des difficultés qui compliquent leurs tâches. « Il y a des ruptures de consommables et de réactifs. Il y a des pannes fréquentes des appareils biomédicaux. A cet effet, les pannes et les ruptures conduisent certains patients à se rendre dans les établissements sanitaires privés pour faire leurs examens. A cela, Il faudrait noter l’absence d’un parking pour les agents et aussi un incinérateur pour la destruction des déchets. Nous voulons que l’Etat prenne des mesures » a-t-il dit.
Et si le Directeur général de l’hôpital est le premier interlocuteur des agents, ces derniers se disent insatisfaits après les multiples échanges. « Nous avons échangé en vain mais jusque-là, il n’y a pas encore eu de solutions ». Raison pour laquelle, ils attendent de l’Etat, des décisions fortes qui seront matérialisées.
Aussi, il ajoute : « Les engagements pris par rapport au traitement du paludisme et des kits relatifs au traitement des enfants de 0 à 5ans, il faut que cela soit effectif. Il faut que les kits soient complets et disponibles. A titre d’exemple, il ne faudrait pas faire croire aux populations que le coût de la césarienne s’élève à 11 000 francs CFA, alors que nous sommes obligés de faire une autre ordonnance pour l’achat d’autres produits parce que le kit est incomplet. Ça, c’est mettre les agents de santé en conflit avec les populations ».
« Une grève, un sit-in dans le domaine de la santé, quelle que soit son ampleur, grande ou petite, peut toujours causer des dégâts humains ».
Au moment où les membres de la sous –section SYNTSHA du CHU-YO exprimaient leurs mécontentements, le DG de l’hôpital, Robert Sangaré, a animé une conférence de presse pour dit-il, apporter un éclaircissement et permettre à l’opinion nationale d’apprécier objectivement.
Et s’il reconnaît qu’il y a des difficultés et des insuffisances à l’hôpital Yalgado Ouédraogo, Il invite ses collaborateurs à avoir des comportements responsables et corrects. « J’accepte qu’il y’a des difficultés à Yalgado. Les tords sont plus ou moins partagés entre les travailleurs et l’Etat. Il faut que chacun joue sa partition convenablement. On ne gère pas les problèmes de manière structurelle. On ne les gère pas au fond. Raison pour laquelle, les mêmes problèmes perdurent depuis des années » a-t-il expliqué.
Bon nombre des revendications n’ont pas lieu d’être
Aux dires du DG de l’hôpital, certaines revendications étaient déjà en cours de mise en œuvre et donc, n’avaient plus lieu d’être.
S’agissant de la prise en charge médicale, le DG répond : « ce n’est pas une revendication judicieuse ». Puis, il précise :« Nous sommes 1300 agents. Les ascendants, ça s’arrête où ? Les descendants, ça s’arrête où ? Nous avons dit au SYNTSHA, que nous sommes prêts à les accompagner pour créer une mutuelle de santé des travailleurs de Yalgado. L’administration est prête à examiner la possibilité à leur apporter une subvention de démarrage. Aujourd’hui, il n’est pas possible de prendre gratuitement en charge tous les agents de Yalgado sur le plan médical. Autant dire de fermer la pharmacie et les autres services. Il faudrait mobiliser combien d’agents pour identifier les ascendants de tout un chacun ».
Aussi, il indique que si les agents demandent une transparence au niveau de la participation au conseil d’administration, la direction n’y trouve pas d’inconvénient. « Nous n’en avons jamais fait un problème » a-t-il renchéri.
Toutefois, il dit être surpris par des questions comme celle de la commission d’attribution des marchés. Et Robert Sangaré d’ajouter que : « Ce n’est pas le DG qui a fixé la proposition. On s’en tient aux textes. Je suis étonné que les syndicats revendiquent ça. Le rôle du syndicat, c’est de faire le gendarme. Vous ne pouvez pas être juge et partie ».
Y a-t-il rupture d’oxygène à l’hôpital Yalgado Ouédraogo ?
« Pour l’oxygène, ce n’est pas vrai », de l’avis de Robert Sangaré. Pour le responsable de l’hôpital, il peut arriver que l’unique fournisseur, « Air liquide », accuse un retard ou soit confronté à des pannes techniques, mais cela, ne peut pas bouleverser l’activité comme les gens le pensent.
En outre, il explique : « En fait, comme je vous le dis, il y a des choses qui ne sont pas bonnes à dire ici. L’oxygène, ça s’entasse ici. En principe, quand ça finit, le dispositif prévoit un signal. De ce fait, il faut que le garçon ou la fille de salle vienne enlever pour repartir, mais de fois, il y a des flottements à ce niveau, et les gens racontent qu’il y a manque d’oxygène sans vérifier si au dépôt il en manque ».
Et le DG d’interpeller le personnel à plus d’engagement. « Il y a des gens qui sont sincères, qui travaillent honnêtement, mais il y a aussi, des gens qui exploitent des raisons pour d’autres raisons pour leurs intérêts personnels. On préfère dire au patient, il y a tel problème, il faut aller là-bas. Là-bas là, vous tous vous pouvez imaginer où c’est. Ça aussi, il faut qu’on se dise les 4 vérités.Tout le monde sait que lorsque certains envoient les patients dans les laboratoires, il parait que plus tu envoies de patients dans un laboratoire, plus tu as un pourcentage sur chaque patient. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est tout Ouagadougou et les gens le savent » a-t-il laissé entendre.
Certaines questions comme la mise en place du parking et l’installation d’un incinérateur au sein de l’hôpital, ont été également évoqués. S’agissant de l’incinérateur, le responsable de Yalgado a indiqué que le problème pourra être résolu avec le réaménagement de certains services. Pour l’instant, l’hôpital ne dispose pas de place à ce sujet.
Quant à l’incinérateur, il s’agit d’un problème budgétaire. « Nous avons fait un plan de traitement de déchets biomédicaux, ça nécessite seulement de l’argent. Ce ne sont pas les idées qui manquent mais il nous faut près de 200 millions. En attendant, on se débrouille comme on peut en faisant enlever les déchets par un particulier » a-t-il dit.
De l’avis du DG, la plupart des préoccupations semblent être en cours d’exécution. Et si les difficultés financières se présentent, l’administration dit arriver à faire fonctionner tant bien que mal l’établissement, même si elle aurait pu nettement faire mieux sans ces difficultés. http://lefaso.net/spip.php?article70021